jeudi 22 mai 2014 à 8h

Appel à soutien des grévistes de Senerval pour occupation/blocage

Le point sur le conflit social à l'usine Sénerval en date du 21 mai 2014

Les salarié-e-s de Sénerval ont débuté une grève le 21 mars (60ème jour !!!) et tenté de transformer celle-ci en droit de retrait pour danger grave et imminent le 23 avril entrainant l'arrêt total du fonctionnement de l'incinération des ordures ménagères.

Cette action est motivée par 3 types de revendications : les salaires, l'organisation du travail et les conditions de travail très dégradées se traduisant par l'exposition à des cendres et des fumées toxiques (CMR : Cancérigènes, Mutagènes, Reprotoxiques : Certains agents chimiques ont, à moyen ou long terme, des effets cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction chez les salarié-e-s qui ont été exposés. De nombreux secteurs d'activité sont concernés. Quand un agent CMR est repéré sur le lieu de travail, sa suppression ou sa substitution s'impose, chaque fois qu'elle est techniquement possible). C'est le refus par la direction de l'entreprise et du groupe Séché environnement d'apporter les garanties nécessaire pour éviter aux salarié-e-s de continuer à travailler dans une situation mettant en danger leur santé et leurs vies qui empêche de trouver le compromis approprié à une sortie du conflit.

http://www.youtube.com/channel/UC0HQ3c-JXBkRR6bcDf0xFwg

Cette lutte engagée par les salarié-e-s de Sénerval est exceptionnelle si on la compare à d'autres luttes d'entreprises. Elle l'est d'abord par la durée (60 jours aujourd'hui). C'est le reflet d'une détermination absolue des salarié-e-s qui démontre la gravité des risques encourus pendant leur activité professionnelle. Ces risques sont partagés et ils se battent avec une cohésion rarement atteignable et rarement vu dans un collectif de travail. La solidarité exprimée par (une partie...) de la CGT au niveau interprofessionnel contribue à sa mesure à la solidité de cette lutte. L'argent collecté sous formes de contributions des structures CGT ou par souscription auprès des syndiqué-e-s et sympathisant-e-s a permis de combler une partie des pertes financières résultant de la grève (2ème mois sans salaires ...). Cette aide doit se poursuivre et être élargie à l'échelle régionale et nationale.

L'intensité de cette lutte confrontée à une intransigeance patronale met évidemment les nerfs de tous ceux qui y participent à rude épreuve. Les décisions à prendre pour gérer ce conflit relèvent essentiellement et uniquement du groupe deS salarié-e-s de Sénerval. L'accompagnement de l'interprofessionnel CGT (principalement l'UL de Strasbourg) relève du domaine du "conseil expérimenté" et de la mise à disposition technique et pratique (moyens, locaux, humains ...). Les salarié-e-s ont choisi de partir en grève pour un certain nombre de revendications qu'ils ont définies ensemble et ils décideront ensemble du contenu du compromis et du moment approprié (n(en déplaise à certains ...). C'est le ciment de leur lutte et la force de leur combat.

Le rôle des structures interprofessionnelles est d'apporter le soutien sous différentes formes : l'aide financière, la présence auprès des salarié-e-s surtout au moment des manifestations et d'être à côté de la délégation des salarié-e-s lors des rencontres avec les pouvoirs publics et la direction de l'entreprise. Sur le plan national la fédération des transports dont relève l'entreprise Sénerval va intervenir auprès du ministère de l'écologie. Toujours sur le plan national la confédération intervient auprès du ministère du travail.

L'accord de sortie du conflit est aujourd'hui conditionné par une négociation réunissant autour du préfet la direction de la CUS, du groupe Séché Environnement et des représentants des salarié-e-s accompagnés par la CGT. Cette véritable négociation est pour l'heure encore refusée principalement par le PDG de Séché car il renvoie dans son dernier courrier à une médiation de la DIRECCTE au niveau de l'entreprise ce qui a échoué jusqu'à présent.

La force de la lutte a cependant aujourd'hui déjà permis d'enregistrer des avancées qui sont porteuses d'une réelle modification des conditions de travail. Il s'agit de l'arrêté d'urgence pris par le préfet qui rend impossible l'utilisation du dispositif appelé NOP et qui permettait de poursuivre l'incinération des ordures alors que l'application des règles ministérielles l'interdise formellement. Cela relève d'une procédure pénale en cas d'infraction. Le deuxième arrêté annoncé par voie de communiqué devrait conforter et élargir le premier. La création de la commission d'information et de suivi de la CUS fournit le cadre d'une transparence qui devrait empêcher la direction de ne pas respecter les règles. La direction du groupe Séché continue de jouer la montre espérant que les salarié-e-s vont craquer. Nous sommes encore au milieu du gué. Les pouvoirs publics la CUS avance très très lentement. Il faut refaire une initiative collective. Les salarié-e-s vous appellent à les soutenir pour une action forte sur le site de l'usine d'incinération le jeudi 22 mai (occupation/blocage). Tous ceux qui peuvent se libérer sont invités à être présent à partir de 8h le jeudi 22 mai.

Cette lutte mérite tous nos efforts. La lutte quotidienne des "Sénerval" sur leurs piquets de grève et au contact de la population dépasse aussi les enjeux habituels d'une lutte d'entreprise. Les risques environnementaux sont au cœur de ce conflit ; Il ne s'agit pas que des salarié-e-s il s'agit aussi de l'intérêt général (le rejet dans l'atmosphère de poussières et d'émissions nocives susceptibles d'engager la santé publique des riverains). De plus, les ordures non incinérées depuis deux mois sont transportées à des centaines de kilomètres en Mayenne en grande partie dans des sites d'enfouissement du groupe Séché. Sans que nous puissions précisément identifier comment, le groupe Séché n'est pas financièrement très impacté par l'arrêt de l'activité ce qui explique son intransigeance. Ici l'enjeu n'est pas les meilleures conditions financières en indemnisation des suppressions d'emploi caractéristique d'une lutte défensive. Il s'agit d'une lutte offensive porteuse d'une amélioration des conditions dans lesquelles se déroulent les délégations de service public. Un succès des salarié-e-s de Sénerval, au delà de la force et de la cohésion de leur collectif, sera un échec pour tous ceux qui privilégient la rentabilité financière au détriment des besoins humains.